La ponte de la sardine (Sardina pilchardus Walb.) en Adriatique moyenne dans la saison 1956-1957

Authors

  • Jožica KARLOVAC

Abstract

       Les premières recherches intensives sur la ponte de la sardine en Adriati­que ont été entreprises en 1950-1951 (G a m u l i n  T.  et  K a r l o -     v a c  J., 1956) au large de l’Adriatique moyenne. On a étudié la dynamique de la ponte et des aires de pontes et on a établi que, dans la région explorée, mentionnée ci-dessus, apparaissent deux noyaux de ponte séparés: l’ un s’ étendant le long des côtes de l’ île de Šolta jusqu’ à la partie occidentale de la frayère de Brač, et au-delà, jusqu’ aux îles Pakleni (Pakleni otoci), l’ autre, moins étendue, près de l’ îlot de Svetac. La ponte de la sardine a été étudiée dans l’ espace et le temps, ainsi que son intensité. On a tenu compte des facteurs hydrographiques dans un essai d’ interprétation de la reproduction de ce poisson.

      Lors de l’ analyse de la ponte de la sardine, durant la saison 1956-1957, on a englobé la même région, en étendant aussi les investigations à la région des canaux de l’Adriatique moyenne (Fig. 1.). On a employé la méthode de traits verticaux au filet Helgoland (K ü n n e, 1933) qui avait été aussi utilisée au cours de la première recherche.

       Les données hydrographiques ont été relevées dans trois couches d' eau: en surface, à une profondeur de 20 m et à 5 m au-dessus du fond. Les relevés de température et de salinité, faits à 20 m, ont été considérés comme représentatifs par rapport aux oeufs de sardine.

       Le but de ces investigations était d’ étudier l’ extention et la stabilité de la location des aires de ponte, afin de considérer celles-ci à la lumière des facteurs hydrographiques et d’ acquérir de l’ expérience sur la signification du nombre d’ oeufs, sous 1 m2 de surface, ce qui permettait de rassembler les éléments nécessaires à l’ estimation de l’ abondance relative de la population en état de reproduction.

       Les recherches sur la fraie de la sardine se sont poursuivies au cours de sept croisières: 1) du 23 au 26 octobre 1956, 2) du 8 au 11 décembre 1956, 3) du 6 au 10 janvier 1957, 4) du 12 au 20 février 1957, 5) du 25 au 29 mars 1957, 6) du 22 au 25 avril 1957 et 7) du 30 mai au 3 juin 1957. (Tables VII-XIII).

       Sur les cartes, la densité des oeufs sous 1 m2 de surface marine est indiquée par des isolignes avec une échelle de quatre valeurs. Celles-ci délimitent chacune des zones d' intensité différente de la ponte que nous avons réparties en zone de ponte: faible (1 à 5 oeufs/m2), moyenne (de 6 à 15 oeufs/m2), forte (de 16 à 30 oeufs/ms) et la plus forte (au-dessus de 30 oeufs/m2).

       La ponte de la sardine a commencé en octobre, a diminué en mars, et s’ est terminée fin avril. Le noyau de la ponte la plus intense (noyau de Hvar) s’ observe tout d’ abord en octobre dans le canal de Hvar (Fig. 2). En décembre, il se déplace vers l’ ouest en direction de la haute mer, en même temps qu’ il est renforcé par l’ arrivée de sardine en état de ponte, venant des régions extérieures. Il occupe une surface qui s’ étend depuis les îles de Drvenik, Šolta, la partie sud-ouest de l’ île de Brač en direction du sud, pénètre dans la partie occidentale des canaux de Hvar et de Korčula. L’aire de forte ponte s’ étend encore, plus avant vers le sud jusqu’ à Sušac et Lastovo. Autour de l' île de Svetac, on entrevoit la formation d’ un autre noyau. Les deux noyaux (de Hvar et de Svetac) sont séparés par des zones de ponte plus faible. (Fig. 3)

       En janvier, l' aire de ponte de Hvar s’ élargit, pénètre quelque peu dans le canal de Split et englobe des zones importantes des canaux de Hvar et de Korčula, ainsi que la pleine mer en direction de l' ouest (Fig. 4). - En février, le noyau de Hvar se retire du canal de Hvar et se prolonge à l' ouest, presque jusqu’ à l' île de Vis, et au sud, dépasse la pointe de l' île de Korčula. Une ramification de la zone de forte ponte s’ étend du canal de Hvar jusqu’ au littoral continental près de Makarska. A cette époque est déjà formé aussi le noyau des parages de Svetac. Les deux noyaux sont maintenant séparés par une zone négative en ce qui concerne les oeufs de sardine (Fig. 5). - En mars, la ponte diminue. L’ aire de ponte de Hvar se réduit à une surface restreinte dans la partie sud-ouest du canal de Korčula. La frayère des alentours de Svetac présenté une intensité moyenne de ponte autour de l' île de Biševo. Au cours de ce mois, les conditions climatiques ont rendu possibles les recherches dans la région de Palagruž également, où la ponte atteignait la plus forte intensité (Fig. 6). - En avril, les aires de ponte de Hvar et des parages de Svetac se restreignent fortement. La frayère de Hvar occupe une surface peu étendue ayant son centre près des îles Pakleni, tandis que celle des parages de Svetac se situe entre Vis et Biševo. Les deux aires sont caractérisées par une intensité moyenne, et faible de la ponte (Fig. 7).

      Par conséquent, au large de l'Adriatique le maximum de la ponte s’éntendait de décembre à février, mais il apparaissait au cours des mois divers dans ses parties diverses.

       Dans la région des canaux, la ponte de la sardine subit une fluctuation imputable, probablement, pour une part à l' influence partielle du noyau de Hvar, et pour l' autre, du transport partiel de stades planctoniques de sardine du canal de Hvar et de la haute mer dans les canaux de Brač, de Split et de la Neretva (Table I).

        L’apparence du maximum de la ponte pour chaque canal est aussi enregistrée au cours de divers mois, de octobre à mars.

        En mai, les échantillons de plancton, dans toute la région explorée, ne contenaient plus des oeufs de sardine.

        Les pourcentages des échantillons de plancton qui représentent des densités différentes d’ oeufs de sardine sous 1 m2 de surface marine, indiquent l' intensité de la ponte pour chacun des mois respectifs (Table II). La plus forte intensité de ponte s’ étend d’ octobre à février avec un maximum en janvier et février. Une ponte d’ intensité forte s’ etend de décembre à mars avec un maximum en décembre et janvier. La ponte d’intensité moyenne (d’octobre à avril) et de faible intensité (d’ octobre à avril) présentent deux maximums: la première en décembre et mars, la seconde en octobre et mars. Le fait que le maximum de forte ponte (plus de 16 oeufs/m2) en janvier et février correspond au minimum de ponte d’ intensité plus faible (au-dessous de 16 oeufs/m2) indique clairement que, pendant la saison 1956-1957, la ponte maximale de la sardine a eu lieu en janvier et février (Fig. 8).

       La période de reproduction de la sardine a commencé en octobre quand la mer s’ est refroidie. L’apparition des oeufs de cette espèce a été notée à l’ intérieur d’ une amplitude de la température de l’ eau de mer de 19.6° à 12.4° C (mesurée à 20 m).

       Dans la région des canaux, on a trouvé des oeufs de sardine par des températures de 19.6° à 12.4° C. La ponte la plus intensive apparaissait en automne par des températures allant de 19.2° à 15.6° C, et elle se poursuit en hiver par des températures de 12.5° à 14.7° C. La ponte d’ intensité forte se rencontre en automne par une température oscillant de 19.2° à 16.0° C, et en hiver de 12.4° à 13.8° C.

       Au large de l’Adriatique, on a trouvé des oeufs de sardine par des tempé­ratures de 19.6° à 13.3° C. Dans cette région la ponte de l’ intensité plus forte apparaissait en automne, par des températures de 16.4° et de 16.3° C, et en hiver par des celles allant de 13.3° à 14.9° C. La ponte de l’ intensité forte s’ est manifestée en automne à la température de 16.5° C, et en hiver à celle de 14.8° C.

      Entre la région de ponte d’ intensité forte et les régions voisines, néga­tives quant aux oeufs de sardine, on a pu observer la plupart du temps, de légères différences entre les températures moyennes. L’ eau de mer, dans la zone de ponte, était d’ octobre à mars, un peu plus froide (différence de moyennes: en octobre 0.4°, en décembre 0.2°, en janvier 0.0°, en février 0.3° et en mars 0.3° C) à l’ exception de janvier (où aucune différence n’ avait été notée) et d’ avril, au moment où la ponte tirait à sa fin, l’ eau de mer dans la région de ponte était de 0.1° C plus chaude que dans la région voisine négative (Table III). Les aires de chacun de noyaux de la ponte présentaient aussi des rapports identiques par rapport aux aiers négatives en ce qui concernait les oeufs de sardine (Table IV). Entre les régions mêmes où étaient situés les noyaux de la ponte on avait pu établir aussi des différences minimes entre les températures moyennes (Table V).

       En automne, on a enregistré 37.0% de prises positives contenant un pourcentage de 31.3% des oeufs de sardine. En hiver, on a trouvé 62.9% de prises positives avec un pourcentage de 68.7% d’ oeufs.

      En hiver, la répartition des oeufs au-dessous d’ 1 m2 de surface marine, montre que, dans toutes les fractions du large intervalle de température, les oeufs de sardine ont été représentés avec toutes les densités diverses, ce qui n’ indique pas l’ existence d’ une corrélation directe entre l’ intensité de la ponte de la sardine et la température.

      Sur les stations positives en oeufs de sardine, la salinité, dans la région explorée, a varié entre 37.75‰ et 38.87‰.

      Dans la région des canaux, où sur les stations positives, la salinité, au cours de la saison de ponte, s’ élevait de 37.75‰ à 38.73‰, la ponte la plus active a eu lieu en automne, par des salinités de 38.58‰ à 38.70‰ et en hiver, de 38.04‰ à 38.69‰. La ponte d’ intensité forte s’ est manifestée en automne par des salinités de 38.58‰ à 38.68‰ et en hiver, de 38.10‰ à 38.21‰.

      Dans la saison de la ponte de la sardine, au large de l’ Adriatique, on a trouvé, sur les stations positives en oeufs de sardine, une salinité de 37.99‰ à 38.87‰. La ponte de la plus forte intensité dans cette région a eu lieu en automne par la salinité de 38.48‰ à 38.66‰, et au cours des mois d’ hiver à la salinité allant de 38.31‰ à 38.46‰. La ponte d’ intensité forte s’ est mani­festée en automne à la salinité de 38.66‰, et en hiver a cele de 38.53‰ à 38.62‰.

       Entre l’ aire de forte ponte et les aires avoisinantes négatives en oeufs de sardine, on a noté de minimes différences entre les salinités moyennes. Sauf en mars, quand la ponte diminuait, la salinité sur les aires de pontes a toujours été plus basse (Table VI).

       L’ apogée de la ponte, durant la saison 1956-1957, a eu lieu - ainsi qu’ il a déjà été mentionné - par des salinités de 38.04‰ à 38.70‰, mais les échantillons de plancton présentant la plus forte densité en oeufs étaient groupés entre les limites de salinité allant de 38,28‰ à 38,48‰. Ce résultat indique donc que la salinité pourrait être l’ un des facteurs contrôlant la distribution de la densité plus forte des oeufs de sardine.

Published

15.12.1964

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Articles