La croissance des huîtres (Ostrea edulis, L.) dans les lacs de Mljet 1952-1955
Abstract
Dans le cadre des recherches effectuées dans les lacs de Mljet de 1951 à 1955, on a consacré une attention toute particulière à la croissance des huîtres (Ostrea edulis, L.). Les résultats de ces investigations ont permis d’établir l’allure de la productivité des lacs avant et après les expérience de fertilisation.
Les investigations ont porté sur un total de 3.300 huîtres. Ce matériel expérimental provenait de la baie de Mali Ston et était placé dans des ruchers collecteurs à châssis mobiles, décrits par M i h a i l i n o v i ć (FAO, 1954.) Les jeunes huîtres destinées à ces essais ont été déposées danas les lacs de Mljet en 1951 et 1953 dans les endroits indiqués sur la figure 1.
Les données hydrographiques ont montré que le Veliko Jezero (Grand Lac) était, pendant les mois d’hiver, plus chaud que le Malo Jezero (Petit Lac) et que la situation était inversé en été. La différence de salinité est aussi notable, celle-ci étant plus élevée dans le Veliko Jezero. De grandes différences ont été observées en ce qui concerne la quantité de phytoplancton, entre la surface et une profondeur de 10 mètres.
Deux essais ont été faits. Dans le premier, mis en train à la fin de 1951 on a effectué 15 mensurations entre le 15. I. 1952 et le I. VI. 1955. Les huîtres ont séjourné dans le lac trois ans et demi. Pendant cette période, elles ont atteint une taille moyenne de 77,7 mm et un poids moyen de 58,4 g chacune.
Cet accroissement est faible et les moyennes nous montrent que les lacs de Mljet, dans leur ensemble, ne présentent pas des conditions particulièrement favorables au développement de l’huître. L’examen des diverses positions nous révèle qu’elles ne sont pas toutes équivalentes en ce qui concerne la réussite de l’ostréiculture et que certains endroits sont mieux adaptés.
En 1933, on a procédé à l’éclaircissement des huîtres dans les châssis et l’accroissement général a montré une réussite un peu meilleure de la croissance. Ce succès est probablement la conséquence de la première fertilisation qui a eu lieu en 1953.
Les valeurs moyennes les plus basses ont été notées sur la position Il et s’établissent à 70,3 mm pour la taille et 40,0 g pour le poids, par huître.
En 1954, on a commencé la fertilisation des lacs au superphosphate qui a tout de suite fait sentir son action sur l’accroissement des huîtres en taille et en poids.
Au cours de l’année, on a jeté ,au total 21.500 kg de superphosphate dans le lac. Sur les graphiques ci-joints, nous constatons des différences sensibles dans l’accroissement se manifestant à la suite des expériences de fertilisation. Les huîtres de la seconds experiénce, placées dans le ac en 1953 avaient une taille et un poids moyens moindres au début de l’expérience, mais, cependant, en un an et demi elles ont atteint et dépassé les moyennes de la première expérience. En deux ans, les huîtres du premier assai n’ont grandi que de 20 mm environ, alors qu'après l’expérience de fertilisation, elles ont augmenté de plus de 20 mm. Les huîtres de la deuxième expérience, qui se sont développées dans des conditions modifiées d’alimentation, ont grandi de 50 mm en un an et demi.
Pour acquérir la taille marchande, les huîtres de la seconde expérience ont mis un an et demi, alors que, dans les conditions normales optima, il leur faut, toujours, deux ans et demi.
Les conditions favorables régnant sur la position Il où le courant est fort et où les masses d’eau sans cesse en déplacement apportent et emportent les substances nutritives, rendent cette région particulièrement active et recommandable pour y procéder avec succès à l'élevage des huîtres.
Les résultats auxquels nous avons abouti au cours de ces expériences, au point de vue de la mortalité des huîtres, ont montré que la fertilisation des lacs a aussi une action stimulante sur la baisse de la mortalité dans les ruchers d’essai et qu’elles y a été réduite au minimum.
La mortalité des huîtres dans l’ostréiculture des lacs de Mljet était toujours plus élevée dans le châssis supérieur. L’époque critique, quant à la mortalité était après la seconde année de l’huître.
D’après des observations, faites en Adriatique, par M i h a i l i n o v i ć (op. cit.) l’augmentation de la taille est plus forte dans le châssis inférieur. Nos recherches, dans ce sens, dans les lacs de Mljet, présentent une image un peu différente. Des différences notables de taille entre le châssis supérieur et le châssis inférieur ont été enregistrées au cours des divers mois de l’année. En été, l’intesité de l’accroissement en longueur est plus forte dans les châssis supérieur ce qui est surtout frappant au VIIe et au VIIIe mois, alors que, plus tard, à partir di IXe mois, la situation se modifie nettement en sens inverse.
D’une façon générale, la croissance des huîtres dans le lac de Mljet est notablement plus faible que dans les ostréicultures mondiales connues. Les données pour Archachon, publiées par B o m p a y r e (1955), indiquent, pour les huîtres âgées de 18 mois, 15 g chacune, alors que chez nous, pour le même âge, nous n’avons qu’une moyenne de 10,4 g.
Si nous comparons la croissance des huîtres d’un même naissain, sur chacune des positions dans la baie de Mali Ston et dans les lacs de Mljet, pendant le même laps de temps, nous constatons que les huîtres de la baie de Mali Ston, sans essais de fertilisation, ont davantage pris de poids que celles des lacs de Mljet.
La différence d’accroissement, entre le premier et le second essai, a été due surtout à la fertilisation et probablement un peu aussi à l’éclaircissement des huîtres dans les châssis expérimentaux.
On a établi que pour assurer à l’huître un développement favorable dans une région nouvelle, on doit étudier tous les facteurs y participant et, dans les expériences en ruchers collecteurs, on doit faire attention au nombre d’huîtres dans chaque châssis et manipuler ceux-ci avec précaution.