Recherches sur l'ichtyobenthos dans les profondeurs de l'Adriatique méridionale et possibilité d'exploitation au moyen des palangres
Abstract
Des recherches ont été effectuées sur la qualité, la quantité et la distribution bathymétrique de l' ichtyobenthos et sur les possibilités de son exploitation au moyen des palangres.
Ces recherches ont été localisées, au sud de Dubrovnik, sur un profil qui embrasse les profondeurs de 100 à 1.200 métres, et que nous avons divisé en neuf zones bathymétriques (positions). Au cours de deux ans de travaux, il y a été effectué 79 pêches, au moyen de palangres munies de 34.818 hameçons de différentes grandeurs.
1. Il a été trouvé, sur le profil, 31 espèces de poissons, dont 2.161 exemplaires d' un poids total de 5.132,3 kg. Sur ces 31 espèces, 18 appartiennent aux sélaciens et 13, aux téléostéens. Les sélaciens représentent 52% du nombre d’ exemplaires et 62% du poids de la capture totale. Les téléostéens ont été pêchés au maximum sur la position de 300 m, à partir de laquelle leur capture diminue régulièrement vers les grandes profondeurs et brusquement vers les hauts - fonds.
2. La composition qualitative et quantitative des captures, les rapports écologiques entre les différentes espèces et dans les espèces mêmes présentent sur tout le profil une régularité évidente qui dépend de la profondeur. Chaque position (zone) a donc son caractère ichtyocénotique plus ou moins distinct. D’ après les données obtenues et la composition des populations, le profil peut être divisé en trois régions:
a) la région de moindre profondeur de 100 à 400 m, caractérisée par les espèces Raja clavata L., Scyllium canicula C u v., Mustelus vulgaris M. H l e. et Merluccius vulgaris F l e m.
b) la région de profondeur moyenne de 400 à 800 m, dont les espèces-types sont: le Centrophorus granulosus M. H l e., le Polyprion cernium V a l., le Sebastes dactylopterus G t h r., le Phycis blennioides B l. S c h n. et la Brama raji B l. S c h n.
c) la région de grande profondeur de 800 à 1.200 m, que caractérisent la Mora mediterranea R i s s o, le Spinax niger C l o q u e t et le Pristiurus melanostomus B p.
3. Deux espèces nouvelles pour l’ Adriatique ont été découvertes: la Mora mediterranea R i s s o et le Trachyrhynchus scabrus G t h r. Toutes deux ont été capturées dans les régions les plus profondes du profil. D' autre part, nous avons pêché, souvent en grandes quantités, certaines espèces considérées comme très rares dans l' Adriatique, ou dont l’ existence dans cette mer était problématique.
4. En plus de la profondeur qui est le facteur principal de la composition et de la répartition de l' ichtyobenthos sur notre profil, nous avons pris en considération deux autres facteurs: la composition mécanique des sédiments du fond et les principales conditions hydrologiques. Les échantillons ont été prélevés au moyen de la drague de Petersen et de la sonde d’ Eckmann. L' analyse des sédiments a démontré qu' à 100 m, le fond est composé de sable argileux, et à 300 m, d' argile limoneuse. Tous les échantillons prélevés sur les autres positions du profil présentent une composition argileuse. En outre, à près de 500 m, il a été dragué à maintes reprises des produits pierreux, d' où nous tirons la conclusion que le fond de cette position est couvert, au moins par places, de dures croûtes pierreuses. On peut supposer (mais on ne peut guère certifier) que la nature de ce fond influe, dans une certaine mesure, sur la composition des populations de poissons de cette région.
5. Nous estimons que les faibles variations de la température et de la salinité, relevées sur les fonds de grande profondeur, ne peuvent être de quelque influence sur la composition et la répartition des populations ichtyobenthiques sur notre profil.
6. Les régions de 300 m et de 500 à 700 m sont les plus intéressantes pour la pêche économique; celle de 300 m, par la prédominance de l’espèce Merluccius vulgaris F l e m., poisson benthique de qualité, et celles de 500 à 700 m, par la grande quantité de Polyprion cernium, V a l., de Centrophorus granulosus M. H l e. et autres espèces qu' on y trouve.
7. Parmi les 5 grandeurs d' hameçons employées, (Nros 1, 4, 5, 6, et 7), le Nro 1 - le plus grand - a donné les meilleurs résultats quan à la quantité. La capture moyenne de ces hameçons, pour tout le profil, est de 342,1 kg, par un mille d' hameçons. La meilleure capture a été faite sur la position de 700 m, où il a été pêché 1.099 kg, ce qui est dû, pour une part, à la prise de quelques grands squales. Le poids moyen par exemplaire, pris par rapport à la quantité totale, est de 2,375 kg. Les plus petits hameçons ont donné les plus faibles captures.
8. Parmi les poissons employés comme appâts, le Trachurus sp. et le Merluccius vulgaris F l e m., nous ont assuré les meilleures pêches. Viennent ensuite le Box boops L. et la Clupea pilchardus V a l b. La sardine n' a pu montrer toutes ses qualités, car elle a été surtout employée pour les petits hameçons qui ont généralement donné de faibles captures.
9. Comme nos recherches ont été effectuées sur un seul profil et à intervalles assez éloignés, les résultats obtenus ne donnent qu’ un tableau général de la composition et de la distribution bathymétrique des populations ichtyobenthiques. Les données sur les valeurs économiques de la pêche, dans les différentes régions, ne sont pas complètes non plus. Elles permettront pourtant l’ entreprise de recherches plus intensives effectuées en temps propices, sur les positions reconnues les plus favorables, avec les types de palangres, les hameçons et les appâts qui ont donné les meilleurs résultats durant nos premières investigations. Ces études plus approfondies résoudront définitivement la question des possibiliés réelles offertes à l’ extension de la pêche pratique au delà des profondeurs exploitées jusqu’ à présent dans la mer Adriatique.